Réforme des collectivités locales: ouvrir le dialogue avec les citoyens.

Pour cette réforme essentielle, le seul enjeu qui vaille est celui de la restauration d’une démocratie efficace dans notre pays. Bâtir un dispositif permettant que chaque élection locale, soit l’occasion de présenter aux électeurs de vrais programmes alternatifs sur les enjeux qui les concernent réellement, de choisir un programme et une équipe avec la conviction que cette équipe disposera vraiment des moyens de mettre en œuvre son programme et qu’à la prochaine échéance, il sera possible de la juger sur ces réalisations. Autrement dit tenter de transposer au niveau local, la conception de la responsabilité politique qui est celle du Président de la République.

La réforme des collectivités locales ne doit pas être faite pour les élus locaux:

Il ne s’agit pas de faire la réforme des collectivités territoriales pour ou contre les élus locaux, mais uniquement dans l’intérêt des citoyens afin de les réconcilier avec une démocratie vivante qui les concerne au premier chef.

Pas contre les élus locaux : cette population n’est pas différente de tout vaste ensemble humain, certains sont des personnes aux qualités exceptionnelles, la plupart sont des individus normaux portés par un mélange de motivations altruistes et égoïstes, quelques uns enfin sont des personnages peu recommandables.

Ce qui est en cause, ce n’est pas la qualité des personnes occupant des mandats locaux, c’est le système dans lequel ils inscrivent leur action qui doit être amélioré pour restaurer une véritable démocratie.

Pas pour les élus locaux et surtout pas pour la « corporation » des élus locaux : la tendance a la professionnalisation des élus locaux les a constitué comme une corporation soucieuse de défendre ses pouvoirs, son statut, mais aussi ses privilèges. Bien que le poids des élus dans certains partis leur donne des moyens efficaces de lutter contre toute remise en cause de leurs acquis, les intérêts de cette corporation, qui doit être traitée avec respect, ne doivent aucunement faire obstacle aux réformes nécessaires dans l’intérêt des citoyens.

Le corporatisme des élus peut bien évidemment constituer pour le Président de la République et le Gouvernement promoteurs de cette réforme un obstacle de taille pour la conduire jusqu’où il serait nécessaire.

La régression du projet de loi présenté par le Gouvernement par rapport à certaines des propositions contenues dans le Rapport BALLADUR est probablement le signe de cette difficulté.

Le discours politique sur cette réforme n’est pas à la hauteur des enjeux:

Le choix du positionnement du discours politique entourant la conduite de cette réforme n’est pas satisfaisant : discours technique, légitimant la réforme par la diminution du nombre des conseillers généraux en prenant appui implicitement sur une forme de méfiance populiste des citoyens vis-à-vis des élus.Avant même s’intéresser au contenu de la réforme en cours de discussion, comment ne pas regretter la médiocrité du discours politique qui l’accompagne alors qu’il y aurait pour le pouvoir une magnifique occasion de renouer les liens d’un dialogue exigeant avec les citoyens.

Ce n’est pas uniquement avec les professionnels de la politique qu’il faut conduire le dialogue sur cette réforme, c’est avec l’ensemble des citoyens en leur faisant prendre conscience qu’elle les concerne au premier chef, directement et concrètement.